BREZOLLES - Historique

BREZOLLES(Blurolie)

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Ancienne châtellenie, Brezolles était comprise dans le ressort des Terres Françaises (ainsi nommées parce que faisant partie, originairement, du domaine ou du patrimoine de la Couronne, et restées en la possession des Rois de France pendant que les Rois d’Angleterre occupaient la Normandie).

 

Les autres noms latins de Brezolles sont : Brucrolensis Vicus, Bruerolae, Bruroliae, Barzileriae, Bruzoliae, BrezollaeBrua, idem ac Brossa, Broille, Brousse et Brosse (petit bois, mauvais bois) – Roilla, roille, tronc d’arbre, ou Roillie, barrière – d’où sont venus les mots de Brurolles (1336), puis Bruzolles (1347), et enfin Brezolles (1508) ;

 

Près de Brezolles, à l’ouest, sur un champ élevé qui longe l’ancien chemin menant à Verneuil, on remarque une grande quantité de blocs de pierres renversées dans tous les sens, connues sous le nom de Pierres de la Justice. On croit reconnaître un amalgame de silex avec de la chaux et des pierres noirâtres ; les temps ont durci ce mélange. Ce lieu est appelé le Champ-des-Pierres, et, selon la tradition, ce serait celui où se rendait la justice chez les Gaulois. 

Les Romains y ont aussi laissé des traces de leur passage comme l’indiquent des tronçons de leurs routes (via perrata) qui sillonnent cette contrée.

Au Xème siècle s’éleva le château « castrum de Bruerolis » pour arrêter les hordes barbares qui venaient piller les terres ; Ingulphe RIBOUST, l’un de ses seigneurs, fonda l’église avant l’an 1050 ; elle était déjà construite en pierres « coemenlariorum opere » et fut brûlée en 1151 lors de l’incendie de Brezolles. Hugues III, seigneur du Thymerais, la fit rebâtir en 1177. La tour carrée, construite en pierres de taille d’Alençon, est décorée de sculptures dont on retrouve le motif dans les ornementations du portail. Près de cette tour, on voyait encore, dans les années 1980, les ruines du château.

Le prieuré de Brezolles « Prioratus Sancti Germani de Bruerolis », qui avait été fondé au XIème siècle, subsista jusqu’à la Révolution de 1789. La plupart des quartiers et des rues de Brezolles rappellent, par leurs noms, l’importance dont jouissait autrefois cette ville.

 

Prieuré de  Saint-Germain  (dont le bénéfice, en 1775, valait 6000 livres) : 

Avant 1060, Albert Ribauld (ou Albert-le-Riboud), vassal du Roi de France, des comtes de Chartres, Dreux et du Perche, donna de grands biens à l'abbaye Saint-Père de Chartres, ordre de Saint Benoît. Sa magnificence et sa piété égalait, dit-on, son courage. 

Désirant avoir près de lui des moines de l'abbaye Saint-Père, il alla trouver le roi Henri qui était alors à son château  de Dreux, et le pria de l'autoriser à donner aux dits religieux l'église de Brezolles que son père avait fait construire en l'honneur de Saint Germain, évêque d'Auxerre.

Le Roi, après en avoir délibéré avec l'évêque de Chartres, dont relevait en fief l'église de Brezolles, consentit à Albert la liberté de laisser à l'abbaye tous les biens qu'il lui plairait de donner, afin que les moines qui demeuraient à Brezolles puissent mener une vie tranquille, exempte de tous soins du siècle, et prier Dieu en toute sûreté jour et nuit. Il condamna à payer 50 livres d'or l'insensé qui oserait les troubler dans leurs possessions.

C'est ainsi qu'Albert, désirant acquérir les biens célestes, donna à l'abbaye Saint-Père de Chartres, du consentement de Adelaïse, son épouse ; et pour le salut de leurs âmes et celles de leurs parents, l'église de Brezolles. Il la donna exempte de toute controverse, avec le cimetière, les droits de sépulture et la dîme dont il jouissait jusqu’alors, de manière que les religieux tiennent et possèdent éternellement cette église.

Il abandonna les cens du bourg avec la dîme du marché (légumes et fruits), enfin la poignée de sel qu'on prélevait sur chaque marchand saunier. Il fut décidé qu’il serait donné aussi deux parties du four construit dans le bourg, des arpents de terre et bois pour leur seule utilisation à leur profit, à condition que les moines prient pour lui et les siens. Albert décréta qu'on exige des moines ou des hommes de leurs terres ni coutume, ni viguerie, ni ban, ni corvée, ni expédition, afin que les moines s'occupent seulement de leurs prières. 

Lorsque les moines de Saint Père furent possesseurs de l'église de Brezolles par libéralité d'Albert, il leur parut utile d'y construire un étang.
Selon le cartulaire de Saint-Père, le prieur de Brezolles y possédait non seulement les droits de justice, les droits de taxes, le prieuré, l'étang et les deux moulins, des prés et jardins, des rentes sur des maisons, mais aussi des terres et censives sur les villages voisins (Beauche, Bérou, les Châtelets, Crucey, Fessanvilliers, Rueil, St Lubin des Joncherets et Vitray).
Avant 1090, Hugues 1er de Châteauneuf, seigneur de Brezolles, demanda aux moines de Saint-Père de lui céder une terre qu'ils possèdaient auprès des maisons des lépreux pour y faire un bourg. Les religieux le lui accordèrent moyennant une redevance envers leur église de Brezolles, et une place pour y construire un four, à condition que le fournage et la mouture du bourg leur appartiennent, c'est-à-dire que les habitants du château et du bourg ne pourraient ni moudre ni cuire qu'aux moulins et aux fours des religieux.
Gervais, seigneur de Brezolles (de 1090 à 1140), donna ; en 1107, un four et l'aire de la maison qui était construite au-dessus. Il donna plus tard aux religieux la moitié d'une tannerie qu'il avait à Brezolles, et l'eau nécessaire pour l'exploiter.
Vers 1100-1135, les religieux délivrèrent Amalguin, l'un des bienfaiteurs de l'abbaye de Saint-Père, qui était détenu dans la prison de Brezolles pour une dette, en échange d'une partie du moulin de l'étang d'Armentières avec ses droits pour dix ans.
En 1102, les moines reçurent, de monsieur LANDRY, la moitié d'un four sis à Brezolles, contre prières pour le salut de son âme et de son épouse Hildeburge.
Entre 1101-1129, le cartulaire mentionne les noms de plusieurs prieurs de Brezolles : Moyses, Raimbertus, Huberto, Rainerius, Helias. Il y avait aussi des prévôts, établis en dehors, dans les principales terres de l'abbaye pour les administrer. Ils devaient acquitter une redevance pour aider les moines à célébrer dignement la Pentecôte. Ils donnaient aussi une rente annuelle à l'abbaye pour l'entretien de la bibliothèque.
En 1151, le château de Brezolles fut incendié par Henri II, roi d'Angleterre, en représailles après que le roi de France Louis VII ait assaillit la Normandie.
En 1159 et 1168 : Brezolles fut à nouveau incendié, prise entre les assauts des rois de France et d'Angleterre.
En 1200, l'évêque de Chartres, prenant en pitié l'extrême pauvreté du prieuré de Brezolles fit remise aux religieux de la procuration qu'ils devaient chaque année.
En 1235, Hervé, seigneur de Brezolles (de 1215 à 1135), au retour d'un pèlerinage en Terre-Sainte, fit de grandes largesses à l'abbaye de Saint-Père et au prieuré de Brezolles.
Des contestations fréquentes s'élevaient entre le prieur et le seigneur de Brezolles au sujet de leurs droits respectifs sur cette châtellenie. Un accord intervint entre eux en 1235 et régla les droits en faveur du prieur relatifs à l'étang (usage et pêche), aux fours, aux moulins, au chemin perré, à la poterne (qui formait l'entrée du prieuré en limite du fossé du château : droit de fermeture), aux portes du bourg (fermeture en cas d'attaque), à la place Agazalaes et son pont (exemption de toute charge), aux murs du château (partage des frais de réparation en mitoyenneté), aux bâtiments du prieuré (toute construction est possible dans la mesure où elle n'empêche pas l'accès aux murs défensifs du château).
En 1245, une bulle du Pape Innocent IV accorda au prieur de Brezolles de ne payer aucune pension ou bénéfices ecclésiastiques, sans un ordre exprès du Siège apostolique.
En 1251, un accord fut établi entre les religieux de Saint-Père et le curé de Brezolles par lequel les dits religieux acceptaient de céder au curé des parts des offrandes de l'église contre paiement d'une somme à la Pentecôte et à la Toussaint, la plupart des autres dîmes revenant aux religieux.
En 1266, Hugues du Chastel, seigneur de Brezolles, donna aux moines du prieuré de Brezolles les fossés de son château, formant la clôture du monastère.
En 1285, le prieur de Brezolles reçut, de la veuve de Jean de MAUCUVERT, écuyer, un don important sur toutes les acquisitions que son mari lui avait données de son vivant.
En 1296, le prieur de Brezolles achèta une maison avec ses dépendances, située entre l'étang et le chemin menant au moulin du prieuré.
En 1322, Hugues, seigneur de Brezolles donna aux religieux une autre partie de ses fossés et une tourelle, afin de leur permettre de s'agrandir.
En 1332, Gilbert de Tillières abandonna au prieur de Brezolles la taille d'une foulerie située à Brezolles, « pour le salut de son âme ».
En 1336, les donations aux prieurs se succèdèrent, telle celle du curé de Brezolles, d'une grange située Porte du Perche.
En 1347, le prieur de Brezolles exerçait la justice dans toute l'étendue de son prieuré. ; toutefois, cette justice était subordonnée. Par exemple, il eut besoin du consentement de la comtesse d'Alençon, Marie d'Espagne, pour relâcher un voleur de pourceaux qui avait été condamné à la prison.
Vers 1500. L'ancienne église fut agrandie de deux travées et d'un nouveau clocher. Sachant que la limite du prieuré se trouvait au niveau du contrefort nord de la porte, il se pourrait que la partie de mur de la façade côté cimetière appartenait à un des bâtiments du prieuré, et aurait été inclus dans la nouvelle église.

A partir de 1518, les documents relatifs à l’abbaye devinrent rares. A cette date, il est signalé que Me Pierre CONSCERET, licencié en droit, archidiacre de Bruges en l'église de Tournay et chanoine du lieu, prieur commendataire du prieuré de Brezolles, baille à titre de ferme et loyer d'argent, pour 59 ans, à sire Jehan DAVY, seigneur de Bahuville (proche de Saint Lubin de Cravant), demeurant à Brezolles, l'étang avec moulin à blé, et un jardin où est édifiée une grosse forge.
En 1737, malgré les réclamations véhémentes du prieur de Brezolles, Nicolas de BOUILLET, qui veut obliger tous les habitants à venir faire moudre leur grain à ses moulins de l'Etang et de Groslu, mademoiselle de la Roche-sur-Yon alors seigneur du Bourg, achèta ces deux moulins contre une rente.
En 1775, il est précisé dans un document qu'il existait encore à Brezolles la maison et le bâtiment d'un prieuré de bénédictins « supprimé » (Par « supprimé » il faut entendre qu'il a cessé d'être conventuel, et les biens qui en dépendaient ont été attribués à des prieurs commendataires qui les affermaient, et en touchaient les revenus, dont le bénéfice conventuel valait 6000 livres au titulaire, M. l'abbé de Marboeuf prieur en titre).

En1788, cinq baux passés par les fermiers généraux du prieuré de Brezolles attestent que ce prieuré existait encore à cette époque ; le dernier bail est en date du 26 décembre 1788.
En 1789, la Révolution mit fin à tous les ordres religieux. Les biens ecclésiastiques furent confisqués et mis à la disposition de la Nation. En échange, la Nation devait pourvoir aux frais du culte, à l'entretien de ses ministres et au soulagement des pauvres.

Les biens du prieur de Brezolles qui ont été saisis consistaient en un verger, la maison du four à ban, des bois et des terres et prés. Il y avait aussi tout l'espace compris entre la rue Malpeine et l'église, soit 75 ares. Là se trouvait la maison prieurale, comprenant au rez-de-chaussée une cuisine, un office, deux chambres à feu et un fruitier. Au premier étage: une salle à manger, une salle de compagnie, une chambre à coucher et un cabinet froid. Au second étage : deux chambres à feu et deux cabinets froids. Dans le grenier : quatre petites chambres de domestiques. Enfin sous la bâtisse : une cave. A l'extrémité nord : des latrines et un puits. Deux bâtiments annexes abritaient les granges, les écuries, les étables, les remises, la foulerie et le poulailler. Une grande cour centrale s'ouvrait par deux portes cochères sur la rue de l'Eglise et sur la rue Malpeine. Dans le jardin derrière se trouvait enfin une citerne et un colombier

En avril1791 eut lieu la vente aux enchères de tous ces biens ; le prieuré échut à Charles GODEMER, François PRÉVOST et Jean Edmé SAMSON, marchands à Brezolles, pour 4300 livres. Ces nouveaux propriétaires condamnèrent la petite porte qui permettait autrefois aux moines de passer directement du prieuré au chœur de l'église pour les différents offices.

On voit encore aujourd'hui le mur en silex qui ne laisse voir que le haut de cette porte. A l'intérieur, le curé de l'époque, dissimulait cette porte avec des stalles.

Devenu propriété privée en 1808, l'ancien prieuré, qui bordait au nord et à l'ouest l'église, fut considéré comme gênant pour l'entretien de celle-ci. C'est ainsi que les propriétaires donnèrent à l'Eglise une portion de terrain permettant son désenclavement.

Aujourd'hui, il ne reste rien du prieuré, le cimetière ayant recouvert les lieux. Seule une partie de la grange subsiste Le chemin derrière le cimetière et longeant la rivière porte cependant encore le nom de promenade du prieuré.


 

Code Insee : 28 3 05059

 

Intendance : Alençon.

Élection : Verneuil.

Subdélégation : Senonches (et Brezolles en 1776)

Grenier à sel : Brezolles.

Coutume : Châteauneuf-en-Thymerais.

Parlement : Paris.

Bailliage : Châteauneuf-en-Thymerais 

Gouvernement : Normandie.

District (1790) : Châteauneuf-en-Thymerais 

Canton (1790- an IX - 1982) : Brezolles.

Arrondissement (1982) : Dreux.

 

Démographie ancienne (feux) :

1250 :  192

1709 :  154

1713 :  179

1720 :  154

1790 :  170

 

Démographie contemporaine (habitants) : 

1790 :  768  

An 4  : 480 au-dessus de 12 ans (liste nominative)

An 8 :  716

1826 : 847

1831 : 948

1921 : 920

1982 :1429

2015 :1847

 

Toponymie : 

Variante : Bresolles

 

Territoire :

Cadastre : Plan 1837. Matrice du 28/09/1838 :1404 hectares.

 

Conservation des registres paroissiaux et d’état civil (Situation de Janvier 1990 qu’il y a lieu de vérifier à partir des registres mis « en ligne » par les A.D.) :

A.D.: 1684-1791 – 1792-1872 (lacunes : 1690, 1703, 1716-1727, 1729-1736).

A.C : B : 1571-1791 (lacunes : 1609-1612, 1618,1622-1626).

         M : 1572-1791 (lacunes : 1574-1646).

         D : 1572-1791 (lacunes : 1574-1613, 1633-1642).

 

Aujourd’hui, outre le bourg, la commune de Brezolles comporte douze hameaux : 

Bergop-Zoom : fermes. Ce lieu doit son nom à l’un des membres de la maison palatine qui le possédait alors que les GONZAGUE de MANTOUE étaient seigneurs de Brezolles au XVIème siècle. Un quartier de Brezolles porte encore le nom de Mantoue.

Brosses (les) : ferme. Il existe un plan des Brosses aux archives départementales d’Eure-et-Loir.

Fontaine (la) (fontana locus, an 1061) : tire son  nom des Fontaines-de-Rochefort qui déversent dans la Meuvette (affluent de l’Avre), leurs eaux vives et très froides. Les archives d‘Eure-et-Loir conservent deux anciens plans du village des Fontaines.

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