Mort d'un vétéran de 1870

Mort d'un vétéran de 1870

 

J'ai retrouvé récemment dans les archives familiales, un article de presse de 1938 relatif au décès d'un arrière-grand-père de mon mari. Vous trouverez ci-dessous cet article avec quelques annotations personnelles. Nombreux sont les ancêtres beaucerons (de la région d'Orgères) qui ont dû croiser les pas de cet arrière-grand-père.

ORGERES-EN-BEAUCE - MORT D'UN VETERAN DE 1870
"Le 15 Mai 1938, est décédé à son domicile, Monsieur Célestin Marcellin PROUST, menuisier, âgé de 94 ans(1). Il était le doyen de la commune.

Monsieur PROUST, appelé sous les drapeaux le 1er Octobre 1864, fut versé au 44e régiment d'infanterie lorsque éclata la guerre contre l'Allemagne en Juillet 1870. Il prit part à la sanglante bataille de Saint-Privat et à celle de Borny.

Fait prisonnier avec la garnison de Metz, il fut envoyé en captivité au camp de Thorn, duché de Posen (Haute-Silésie(2), où il endura tous les supplices que les Allemands faisaient subir à leurs prisonniers. Sa captivité dura un an.

Pendant ce temps, les Prussiens qui avaient envahi la région(3), sachant que Monsieur PROUST était mobilisé, brûlèrent entièrement le bois de travail qui restait dans son atelier et un violon auquel il tenait beaucoup. Monsieur PROUST jouait du violon en dehors de son travail de menuisier et il était devenu le ménétrier des environs. Il allait la nuit, à pied, dans toutes les bourgades de la région, faire danser la jeunesse de l'époque. C'était un homme joyeux et pein d'entrain, très estimé et très connu des environs.

Lorsqu'il fut libéré, sa femme lui avait fait parvenir 100 francs sur lesquels les Prussiens avaient retenu 10 francs. Avec ces 90 francs, il se mit en route pour son pays natal. N'ayant pas suffisamment d'argent pour prendre le train pendant tout le parcours, il fit une grande partie du voyage à pied. Lorsqu'il arriva à Orgères, il marchait pieds nus, ses chaussures n'ayant pu faire toute la route. Monsieur PROUST était décoré de la médaille des Pompiers depuis 1900, de la médaille commémorative de 1870 et de la croix du combattant. Très valide jusqu'en 1935, il fut victime d'un accident banal, en tombant de sa hauteur, qui le cloua jusqu'à ce jour sur son lit de mort."

1.Il était né le 4 Septembre 1843 à Orgères. Orphelin très jeune (ses parents étant décédés à Fontenay-sur-Conie ; son père Jacques Pierre + le 14 Mai 1848 et sa mère Marie Marguerite Cloris FALLOU + 19 Février 1846), il fut élevé par ses grands-parents maternels, Pierre Joseph FALLOU, menuisier (qui lui apprit le métier) et par Marguerite LALLEMANT.

2.Ironie du sort : lors de la 3ème guerre mondiale, son petit-fils Pierre (décédé en 1995 à l'âge de 90 ans) fut également fait prisonnier et passa sa captivité dans la même région.

3.En effet, de violents combats se déroulèrent dans la région, notamment à Loigny (qui prit le nom de Loigny-la-Bataille, suite à un décret du 7 Décembre 1901) opposant les Prussiens aux Zouaves Pontificaux.


Nicole PROUST / 712
S.G. 28 - Bulletin n° 5 - 1er trimestre 1996

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